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Le confit c'est pas gras
28 août 2006

Guide de survie post-estival (dont jus de gingembre)

cocktail_gingembreAhhhhh, le Sud-Est : ses cigales, son ciel limpide, sa mer turquoise, ses commerçants désagréables... J'adorerais être une de ces filles qui ont un max de répartie et se baladent avec le slogan "Je crains dégun" écrit sur le front, même devant Hannibal Lecter ou Emmanuelle Béart (brrrrrrr). Car je ne suis qu'une pitoyable trouillarde : reine de la joute verbale imaginaire après la bataille, je suis, au moment de l'humiliation, un parfait modèle de lâcheté et d'abdication.

Or, en été, il faut admettre que les situations et personnages exaspérants se surpassent : vendeuses méprisantes, compagnies aériennes malhonnêtes, restaurateurs odieux, présentateurs météo annonçant du mistral... De quoi vous coller un ulcère alors que vous vouliez profiter de la douceur méridionale pour arrêter de vous ronger les ongles. Petit guide de survie, donc, dans la jungle marchande occidentale.

Premier terrain miné : les magasins de vêtements.

Parfois, les vendeuses vous regardent franchir la porte comme si vous étiez Paris Hilton entrant à la Bibliothèque du Congrès. Ou plutôt, en l'occurrence, Marielle Le Quesnoy entrant chez Colette. Signe particulier : muettes quand il s'agit de répondre à votre "bonjour", elles n'ouvrent la bouche qu'afin de vous faire passer pour (cochez la ou les réponses adéquates) :
- une demeurée ;
- la personne la plus mal habillée de l'univers ;
- une crotte de pigeon tombée à tout hasard sur le béton ciré du magasin.
Trois tactiques imparables pour se venger de ces chipies :

  • L'indécise. Essayer les articles de TOUT le magasin (en plusieurs tailles et/ou plusieurs pointures), puis tout laisser en plan et partir comme un charme (qui a dit "et faire un doigt d'honneur à la vendeuse" ?). En version plus fourbe, on peut laisser une montagne de vêtements entassés dans la cabine d'essayage. 
  • La cagole ou "on était soixante-douze, ils étaient deux". Garder son calme au moment de l'affront puis revenir avec une dizaine de copines fidèles et efficaces. Mélanger les vêtements, les déplacer d'une étagère à l'autre, mettre les chaussettes avec les culottes, les serviettes avec les torchons et les t-shirts avec les boucles d'oreilles. Partir en gloussant après avoir éventuellement tiré les cheveux de la vendeuse.
  • Le Doumé Colonna ou la tactique du "Are you talking to me ? You fuck my wife ? etc." Pour les cas extrêmes, revenir à vingt et bombarder la vitrine de figues et de figatelli frais. À la limite, mettre le feu au magasin, en prévoyant des collants opaques H&M pour se cacher le visage et des gants en caoutchouc pour éviter les empreintes. Attention : par précaution, repérer un coin isolé de maquis afin d'y vivre lors des cinquante prochaines années.

Deuxième terrain miné : les compagnies aériennes.

En février, vous avez réservé un billet d'avion pour le mois d'août, fier comme un bar-tabac d'avoir, pour une fois, organisé vos vacances avant les cinq minutes précédant le grand départ. Le jour du retour, vous arrivez à l'aéroport en bermuda et chaussures Camif, quatre heures avant le décollage (on sait jamais), pour prendre votre vol de 22h30 (le dernier de la journée). Au moment d'enregister vos huit valises, une hôtesse avec du rouge à lèvres rose vous dit d'une voix sirupeuse :
- "L'avion est en surbooking.
- Quoi ? Hein ? What ?, répondez-vous dignement.
- L'avion est en surbooking.
- Ah. Et ça veut dire quoi, "surbooking" ? (vous n'êtes qu'un pauvre plouc provincial qui voyage généralement en Renault 19 blanche sans climatisation, avec des serviettes coincées dans les fenêtres pour faire un peu d'ombre).
- Le surbooking, ça veut dire que vous n'avez pas de place. Vous ne pourrez pas embarquer ce soir."

Quand vous dites à l'hôtesse que vous avez un billet (depuis six mois) et qu'il est hors de question que vous passiez la nuit à l'aéroport, elle vous engueule comme si vous aviez trois ans et demi et veniez de faire caca sur le tapis roulant. Que faire face à cette situation intolérable ?

  • Passer toutes vos vacances dans le Larzac. Attention : vous risquez de croiser José Bové, sirotant un Pétrus 1967 et râlant contre ces gros cons de riches capitalistes. Chourez-lui son Pétrus, vous ne serez pas venu dans le Larzac pour rien.
  • Vous munir de la liste des mesures compensatoires de l'Union Européenne (prise en charge de l'hôtel et du restaurant ; compensation financère proportionnelle à la distance non-parcourue) et les faire bouffer à l'hôtesse, après les lui avoir lues à voix haute et lui avoir soutenu que oui, Madrid c'est bien à 3600 km de Marseille.
  • Tant qu'à y être, faire caca sur le tapis roulant.
  • Attention de ne pas vous laisser submerger par vos émotions. Remplir votre tube de dentifrice d'explosifs serait une solution dangereuse et quelque peu exagérée.

Troisième terrain miné : les restaurants.

Vous venez de marcher pendant deux heures dans les ruelles escarpées des Baux-de-Provence, ou tout autre lieu hautement touristique provoquant le "syndrôme du restaurateur qui n'en a rien à cirer" : il désigne les marchands alimentaires auxquels l'afflux touristique de masse assure Mercedes et chevalière en or 22.000 carats, quelle que soit la qualité du service. Vous attendez votre crêpe au jambon pendant 2h30, puis l'addition pendant 1h15. Une serveuse bourrée vous enguirlande quand vous lui demandez, au bord de l'inanition, si elle veut bien vous apporter un sucre.

  • Règle d'or de la vengeance en terrain alimentaire : ne vous plaignez jamais, ô grand jamais, avant le repas. Le serveur ou la serveuse risquerait de mettre des crottes de nez dans vos frites et/ou de cracher sur votre entrecôte.
  • Une fois le repas terminé, vous pouvez toujours trébucher malencontreusement et jeter un broc d'eau (contenu et contenant) sur la serveuse sus-citée.
  • Si vous croyez au père-noël, allez cafter à l'office de tourisme, où quelqu'un approuvera gentiment votre démarche avant d'aller bouffer un kebab en rigolant dans le restaurant en question.

Quatrième et dernier terrain miné : le pastis-elbow.

Nous sommes en plein coeur du mois d'août, il est 20 heures, les cigales chantent, le soleil se couche et, au choix :
1) Vous avez barboté toute la journée dans la grande bleue.
2) Vous venez de passer la nuit à l'aéroport et, en arrivant finalement à destination, il vous manque vos huit valises.
3) Vous venez de vous faire cracher dessus par une vendeuse de fringues branchées et/ou par un serveur mal luné.
Conséquence inéluctable : vous avez envie, voire besoin, de quelques bières. Le problème, c'est qu'à la fin de l'été, vous avez pris 3 kg sur le ventre et 30 ans sur le foie. Quelques solutions pour vous tirer de cette mauvaise habitude :

  • Le déni : vous convaincre vous-même que les deux verres quotidiens de vin rouge ont débouché vos artères, alors qu'en fait, c'était 12, et que c'était de la bière et du rosé.
  • La chasse dans le Michigan afin d'éliminer les excès, marche et froid aidant, comme Jim Harrison. Le problème avec cette solution, c'est qu'elle est matériellement compliquée et qu'elle ramène nécessairement au terrain miné n°2 : les compagnies aériennes (sauf si vous faites partie des 0,0000001% de la population mondiale habitant dans le Michigan).
  • Le jus de gingembre de Caroline. Docteur es gueule de bois, celle-ci a livré il y a quelques temps les secrets d'un apéritif sans alcool mais qui soûle quand même : aussi révolutionnaire que la capote anglaise et la pilule. C'est délicieux pour qui aime le goût acide et piquant du gingembre.

Jus de gingembre (Culino-tests)

  • Éplucher et mixer, dans un robot, trois belles racines de gingembre.
  • Faire bouillir 1,5 litre d'eau et la verser sur le gingembre.
  • Laisser infuser environ 20 minutes, puis filtrer et mettre en bouteille.
  • Laisser refroidir et se servir de ce jus comme base de cocktail. J'ai adoré le mélange suivant : 1/3 de jus de gingembre, 2/3 de jus de pamplemousses et une larme de sirop de cassis.
  • Conserver au frais pendant 5 jours.

Je vous laisse, j'ai un cours de yoga, faut bien que je me remette de mes vacances.

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Commentaires
Z
Belle rigolade, mils merci Anaik !!!!<br /> Fais bon passer chez toi !!!!<br /> La Zaza
C
J'en ris encore, très très drole, merci pour ton humour exemplaire!!
R
Ce qui est intolérable, c'est que je ris toute seule devant mon écran et si ça continue, on va me le confisquer !
P
Tout démonter dans une boutique de fringues, ça me tente énormément !!! Et pipi caca sur le tapis à l'aéroport aussi...<br /> Tu m'as beaucoup fait rire Anaïk, merci ;) ;)
V
je vais imprimer ton post et la prochaine fois que je vais dans une de ces boutiques où des annorexics blondes (eccervelees????) font semblant de bosser je pourrais choisir une superbe vengeance peut-on faire un petit pipi caca au milieu des cabines d'essayage a la place du tapis roulant...<br /> <br /> et puis apres je pourrais deguster un superbe jus maison au gingembre..merci pour ce moment de franche rigolade...
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